La légion écarlate by Johan Heliot

La légion écarlate by Johan Heliot

Auteur:Johan Heliot [Heliot, Johan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Éditeur: Mango Jeunesse
Publié: 2016-03-21T16:33:54+00:00


2

LA DANSE DU SOLEIL

Je me dirigeai vers la rivière qui coulait en contrebas d’un talus à faible pente, à l’écart du village. En chemin, j’adressai un signe amical aux rares enfants et vieillards que je croisai. Les hommes avaient disparu et les femmes s’activaient dans les tipis, dont elles avaient la charge, comme Me-Kuh-Ta me l’avait fait comprendre. C’était elles qui les construisaient et tannaient les peaux nécessaires à leur fabrication. Je crois même qu’elles en étaient propriétaires, si tant est que ce terme eût un sens pour ces gens.

Les chiens, nombreux, me suivaient en me reniflant pour s’habituer à mon odeur. Ils ne se montrèrent pas agressifs, preuve qu’ils me considéraient comme un membre à part entière du clan.

Je pris un immense plaisir au bain, pourtant glacé, qui me débarrassa des ultimes miasmes de la maladie. Ma blessure avait parfaitement cicatrisé grâce aux remèdes de Me-Kuh-Ta. J’éprouvai encore quelques élancements entre les omoplates quand je levai les bras, mais rien de vraiment gênant. J’achevai ma toilette et me séchai sur la berge, utilisant la fourrure qui me servait aussi de vêtement.

Quand je regagnai le tipi, Me-Kuh-Ta avait déballé les affaires rangées dans le coffre qui constituait l’unique meuble en sa possession. Les différents éléments de ma panoplie guerrière s’étalaient sur le tapis de fourrures. La vue de mon armure et de mon casque, nettoyés et graissés avec soin, de mon glaive et de mon poignard me fit un choc. Ma tunique avait été lavée et recousue à l’endroit où la flèche l’avait déchirée. Même mes chaussures cloutées et mes sous-vêtements n’avaient jamais paru si propres.

Pourtant, je n’étais pas prêt à endosser cet uniforme, témoin de mon existence passée. Pour Rome et ses lois, j’étais un déserteur. Cette notion étant difficile à faire comprendre à mes bienfaiteurs, je me contentai d’expliquer à Me-Kuh-Ta que je préférais m’habiller comme les autres membres du clan. Pour cela, je fermai le poing et me frappai le cœur tout en prononçant le nom de ceux qui m’avaient adopté :

— Oceti Sakowin Oyate !

Le rire de la jeune femme s’envola sous le tipi. Il n’était absolument pas moqueur. Au contraire, il disait sa joie de m’entendre exprimer le désir d’appartenir à sa famille. Elle répéta d’ailleurs :

— Marcus, Oceti Sakowin Oyate !

Il n’en fallut pas plus pour me faire renoncer irrémédiablement à ma patrie d’origine, que je n’avais de toute manière plus aucune chance de revoir. Désormais, je me considérais comme l’un de ces hommes rouges, que j’avais d’abord trahis à Hochelaga et qui venaient de me sauver la vie.

Mais je devais encore me soumettre à une redoutable épreuve pour être pleinement accepté. Me-Kuh-Ta n’osa pas m’en parler. Ce fut Win-Jun, une fois de retour, qui tenta de me l’expliquer par les mots « Winanyank’ Wacipi » tout en mimant une danse, le nez levé vers le soleil.

— Winanyank’ Wacipi ? La danse du Soleil, c’est ça ? Pourquoi fais-tu cette tête ? Ça n’a pas l’air si terrible…

Je ne pouvais pas plus me tromper. Win-Jun cessa de s’agiter et me fit signe de le suivre.



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